20 janvier 2011

Intuitions

Intuitions
De Rachel Ward
Edition Michel Lafon 
Sortie le 12 mai 2010



Présentation éditeur

Depuis qu’elle est petite, Jem voit des numéros flotter au-dessus des personnes qu’elle croise. C’est le jour où sa mère décède qu’elle comprend la signification de ce terrible don : ces chiffres indiquent la date de notre mort. Elle se replie alors sur elle-même et sombre dans la mélancolie. Jusqu’au jour où elle rencontre Spider et découvre l’amour.
Alors qu’ils partent ensemble à la grande roue de Londres, The London Eye, un phénomène étrange se produit : pourquoi tous les passants ont-ils le même numéro au-dessus de la tête ? Pris de panique, Jem et son ami s’enfuient. Ils seront les seuls survivants de l’attentat, mais aussi les seuls suspects recherchés, une fois leur identité trahie par les caméras de surveillance. Comment expliquer au commun des mortels les raisons de leur fugue ? Et comment oublier l’insoutenable vérité que Jem peut lire en Spider ?

Mon avis

Jemma voit depuis sa plus tendre enfance des numéros dans sa tête quand elle regarde les gens dans les yeux. A l’âge de sept ans elle découvre le cadavre de sa mère toxicomane et lors de l’enterrement, en voyant les chiffres sur la pierre tombale, les mêmes qu’elle voyait en la regardant de son vivant, elle comprend qu’ils correspondent au jour de son décès. Les numéros indiquent la date de la mort de chaque personne… Un tel poids sur ses épaules, une telle responsabilité aussi. La question se pose : don ou malédiction ?

Aujourd’hui Jemma a quinze ans. L’adolescence est déjà une période difficile mais pour elle c’est un enfer. Écorchée vive par la vie, renfermée, solitaire, Jem vit au jour le jour évitant tout contact, toute amitié, jusqu’à l’arrivée de Spider qui s’incruste et chamboule son existence, la perception qu'elle a des autres et d’elle-même.
Témoins d’un attentat, ils vont préférer fuir plutôt que d’expliquer leur subite évacuation des lieux avant l’explosion. Il va s'en suivre alors une course dans la banlieue londonienne entre champs, nuits à la belle étoile mais surtout peur et paranoïa.

Le début nous promettait un livre singulier voir envoûtant mais Rachel Ward nous offre une histoire à la trame tragique, parfois percutante mais choquante aussi. Percutante par la plongée que l’on fait dans les quartiers dits chauds de Londres, dans la vie que mènent Spider et Jem au quotidien. Entre drogues, vols et avenir misérable entouré de paumés voilà le lot de ces jeunes. Il faut être fort, endurci et savoir encaisser pour survivre moralement dans cet univers.
L’histoire est aussi choquante tant par son approche verbale familière voire grossière que par la noirceur des événements, du ton même du récit. L’auteur laisse peu d’espoir aux personnages affectant aussi le lecteur. Il ne faut surtout pas donner cette lecture à un adolescent en mal de vivre au risque de le voir sombrer encore plus dans l’abattement. Comme le récit nous est conté à la première personne, par Jemma, nous avons donc comme compagnie une jeune fille déchirée aux expressions vulgaires, qui se pose tout le long du roman des questions sur la vie et la mort, sur le but de son existence et surtout sur la confiance qu'on peut accorder aux autres.

Certains passages sont d’une longueur éprouvante, un véritable marathon de la déprime. Les personnages restent figés dans une situation qui ne méritait pas un intérêt si grand. L’auteur s’enlise et nous ramons avec les moyens que nous avons, de la patience et de la ténacité. Vous désirez broyer du noir et bien voilà qui vous assombrira le quotidien. Puis d’un coup nous faisons un bond dans le déroulement nous accrochant pour savoir le dénouement. Nous voulons suivre jusqu’au bout cette jeune fille désenchantée pour voir si elle va tomber plus bas et surtout comprendre comment elle va se relever et enfin vivre, respirer avec joie, rire. Mais cela arrivera-t-il ?

Un roman à la trame originale à ne pas mettre entre toutes les mains tout de même sinon gare au coup de blues. Une suite qui espérons-le laissera présager un avenir plus ensoleillé au récit.


Note 2/5

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