10 janvier 2013

Petit art de la fuite de Enrico Remmert

Éditions Philippe Rey
Collection Roman étranger
Sortie le 3 janvier 2013
Prix 18€



Présentation de l'éditeur

« Laissez votre surf dehors, ici il n'y a pas de place pour des réalités aussi subjectives. » 

Trois trentenaires turinois se retrouvent embarqués dans un voyage improbable du nord au sud de l'Italie : Vittorio, violoncelliste torturé et hypocondriaque ; Francesca, sa fiancée de toujours au bord de la rupture ; Manuela, leur amie loufoque, gogo-danseuse et monitrice d'auto-école à ses heures perdues (ou l'inverse)... Rapidement, avec l'ex de cette dernière aux trousses, le voyage dans la poussive Baronne à doubles commandes devient une course-poursuite, une épopée déjantée et douce-amère où chacun se révèle. Au fil des kilomètres et des rencontres, les liens se nouent et se dénouent, les événements prennent une dimension initiatique, les choix s'expliquent et les masques tombent. 

Dans ce récit à trois voix, servi par une écriture inventive, Enrico Remmert brosse avec justesse le tableau d'une jeunesse déboussolée mais avide de rêves. Entre humour et gravité, ironie mordante et poésie, il signe un roman réjouissant. 


Mon avis

« La vie est un état d’esprit. »

Cette petite phrase extraite du texte et tirée du film Bienvenue Mister Chance résume bien ce livre.

Ce qui, au départ, ne devait être qu’un court trajet pour la ville de Bari se transforme en une épopée dramatique et pourtant si drôle par moments. Vittorio et Francesca se retrouvent à bord de l’antique Fiat 500 de Manuela, embarqués pour un périple qui changera leur vie et qui restera à jamais gravé dans leurs mémoires.

Si Vittorio part pour six mois dans le sud de l’Italie, c’est qu’il a dégoté une place dans un orchestre pour y jouer de son violoncelle. Ce voyage il devait l’effectuer seul au départ.

Les raisons qu’a Francesca de l’accompagner subitement sont plus obscures. Elle veut profiter de ces trois jours, faire l’aller et retour, juste pour rompre avec le jeune homme et lui annoncer qu’elle en aime un autre. D’ailleurs, cet autre homme, ne comprend pas la démarche de cette dernière : pourquoi alors qu’elle le quitte passer tout un week-end avec son futur ex !

De son côté, Manu, est contrainte de fuir son compagnon de toute urgence et profite de l’escapade de ses deux amis pour leur proposer de les conduire à destination plutôt que de prendre le train. Ainsi commence une folle virée entre courses-poursuites, vols, révélations, engueulades, rires et moments sacrés. Trois jours ahurissants où bien de rebondissements vont survenir.

Au-delà des évènements eux-mêmes, se sont trois personnalités dont nous allons faire intimement connaissance. Des personnages attachants, torturés, ambigus, drôles mais au fond si proches de nous, de nos doutes, de nos questionnements.

Les répliques de Manu sont tout bonnement excellentes, complètement déphasées de l’instant présent . C’est ainsi qu’elle arrive à désamorcer la plupart des situations critiques, alors qu’elle n’est pas en veine loin de là ! Dans les ennuis jusqu’au cou... Et avec un ami si complexe, anxieux et mélancolique que Vittotio, il faudra à Francesca des trésors de patience et de calme pour ne pas faire exploser le fragile lien qui les unit encore.

L’auteur a une écriture délicieuse, surprenante, tranchante et douce à la fois. C’est bourré d’énergie, de beauté, de philosophie. Une fois cette lecture entreprise, les pages défilent, les émotions nous gagnent qu’elles soient faites de joie ou de peine.

Une narration à trois voix est exquise est nous permet de suivre les pensées de chacun. Nous passons allégrement de l’un à l’autre rapidement pour bien nous immerger dans la scène en court. Au-delà des caractères, une petite subtilité différencie les trois récits, mais ça, ça sera à vous de le découvrir !

Au final, ce roman est un petit bijou. Petit art de la fuite ce sont trois êtres qui fuient chacun quelque chose. Les autres ou eux-mêmes ?

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