Du bleu sur les veines de Tony O'Neill

Pourquoi ce livre ? 

Un service de presse proposé par Onirik. J'ai lu plusieurs ouvrages de ce style, autobiographie et plongée dans l'univers de la drogue. Ayant connu des junkies, des amis très proches qui ont vécu à quelques différences près cette vie, je me suis toujours intéressée au genre. 

Éditions 13E Note
Collection Pulse 
320 pages
Traduction : Annie-France Mistral
Parution : février 2013
Prix 9,50€

Bonus :

• « Le Dickens déjanté du XXIe siècle », préface de James Frey
• Postface de Dejan Gacond accompagnée de deux photographies de Kit Brown

Présentation de l'éditeur

Voici le portrait d’un jeune Anglais échoué à L.A. et dont la vie bascule sans transition de la scène musicale au quotidien des junkies et à l’univers de la rue. Au-delà du thème de l’addiction, Tony O’Neill évoque l’essentiel : notre capacité à rester honnêtes et authentiques dans un monde qui ne nous le permet plus vraiment. Notre héros a de gros soucis : une femme qu’il connaît depuis deux jours à peine, pas de job, pas d’argent et un budget stupéfiants ayant explosé depuis longtemps toutes les limites, dans un Los Angeles qui n’a jamais fait de concessions aux égarés. Mais là n’est pas le principal intérêt du roman. Oui, on y trouve des histoires de deals, d’amitié perdue, de souffrance, de sexe et de relations superficielles. Bien sûr il y a les motels pourris, les crises de manque, les cliniques de méthadone et la recherche permanente du high. Et non il n’y a aucun romantisme, aucune morale, et pas de retour des ténèbres vers la lumière. Mais ce douloureux et croissant besoin de dope, qui vous fait pactiser avec le Diable, est aussi une quête sans fin pour trouver un sens à sa propre vie. Et c’est ce qui propulse Du bleu sur les veines bien au-delà du traditionnel parcours fléché « addiction / rédemption ». L’aventure d’un musicien-écrivain qui cherche en lui-même ce qu’il y a de plus précieux : l’amour.

Mon avis

Du bleu sur les veines... Et dire que ce roman a été refusé à la publication ! Merci aux éditions 13E Note d'avoir osé faire ce que d'autres se sont interdits et de nous offrir la possibilité de découvrir cette plume hallucinante.

Attention, le voyage n'est pas sans heurts, sans larmes, sans dégout parfois, mais il en vaut  la peine. Dans ce livre autobiographique nous accompagnons Tony O'Neill dans sa descente aux enfers dans la chaleur et la torpeur californienne. Voici un récit sans fards, sans fioritures, juste la narration de faits, d'états, de sentiments, de sensations. Une écriture qu,i dès les premières lignes, nous captive, nous capture pour une virée de trois années démentielles, destructrices. La dope et la misère. L'éclat du flash et l'ignominieuse immondice que le manque crée.

L'auteur ne cache rien, nous narre tout. De l'amour à la haine, de la douceur à l'horreur rien ne sera épargné au lecteur, comme rien ne lui fut épargné. Ce qu'il a vécu, enduré, par choix, par faiblesse, parce qu'il est un homme qui s'est retrouvé là, à ce moment là, et que le piège de la douce euphorie de l'alcool et de la drogue s'est refermé sur lui, absolument chaque instant nous le vivrons avec lui, avec intensité et difficulté. Car s'il est une chose incroyable - au-delà de sa victoire sur ces années-là - c'est l'écriture de Tony O'Neill. Une plume directe, percutante, sensible et poignante. Intelligente et si vraie... Les mots transpirent de vérité, de vécu. Il arrive à nous faire sentir une odeur, être présent dans un lieu, souffrir de manque et, surtout, comprendre pourquoi il fait certains choix.

On peut dire une chose, tout de même, c'est que dans cette spirale infernale, où le fond attire comme un aimant le pauvre diable pris dans ce tourbillon, l'auteur a joué de chance. Car sa vie aurait pu, à de nombreuses reprises, tourner court, basculer autrement plus tragiquement. Et s'il est une chose qu'on retient, c'est que l'amour est le plus grand baume de ce monde.

Un livre à mettre entre des mains qui n'ont pas peur de basculer, de lire l'abject, de regarder l'homme dans le pire qu'il puisse offrir quand plus rien ne l'atteint que la recherche de cette dose salvatrice qui l'expédiera dans un nirvana bien trop éphémère. Pour avoir lu plusieurs ouvrages du genre, celui-ci, se classe pour moi comme le meilleur.

Un auteur à suivre de très près !